Églises paroissiales et chapelles rurales : jalons du quotidien et de l’identité
Au fil des villages, le clocher est un phare : il structure le paysage, mais aussi la mémoire collective. Dans le pays de Bégard, les églises illustrent à merveille l’équilibre entre tradition et interaction avec les grands mouvements religieux européens.
L’église Saint-Pierre de Bégard
Reconstruite entre 1869 et 1873 sur l’emplacement d’un ancien édifice, elle présente l’audace architecturale de la fin du XIX siècle, avec voûte en croisée d’ogives et vitraux néogothiques. Un clin d’œil à la tradition médiévale, mais aussi à la modernité : l’église fut l’une des premières du secteur à bénéficier d’un système de chauffage par aérothermes mécaniques dès 1907, une petite révolution pour l’époque (source : Généawiki).
Son mobilier est composite, mêlant œuvres en bois polychrome récupérées de l’ancienne église (autel du XVII) et pièces réalisées par des ateliers locaux à la Restauration — chaque objet est porteur d’une histoire de transmission et d’adaptation.
Chapelles de campagne : l’intimité du sacré
Moins monumentales mais tout aussi précieuses, les chapelles, oratoires ou simples croix de missions jalonnent le bocage. Parmi les plus remarquables :
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Chapelle Saint-Hervé (Kermoroc’h) : référence à l’un des saints les plus populaires de Bretagne, l’édifice date du XVI siècle et conserve des sablières sculptées figurant des scènes de la vie rurale (chasse, moissons). Sa fontaine, toute proche, aurait guéri les maladies d’yeux selon les croyances locales.
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Chapelle Sainte-Barbe (Plouagat) : remarquée pour sa procession annuelle et son pardon, elle incarne l’ancrage profond des traditions populaires autour des saints protecteurs, avec "sonneries" et partages de pain bénit.
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Chapelle Saint-Gildas (Landébaëron) : datant de 1781, elle illustre le renouveau religieux d'avant la Révolution française et héberge encore chaque été une exposition d’art sacré organisée par des bénévoles du village.
Les chapelles expriment la foi dans la proximité : elles témoignent de la sociabilité paysanne, des moments de rassemblement et de la manière dont les villageois se réappropriaient les lieux saints en dehors du seul usage liturgique.