Plongée dans la mosaïque naturelle et paysagère du Pays de Bégard

01/08/2025

La structure bocagère : cœur du paysage bégarrois

Longtemps, le bocage a dessiné le visage du Pays de Bégard. Ici, impossible de le manquer : partout, des haies soignées, des talus plantés de chênes, d’aulnes ou de noisetiers, des chemins creux bordés de fougères où bruissent les insectes.

  • Un patrimoine façonné par l’homme : L’organisation de petites parcelles encerclées de haies remonte au Moyen Âge. Chaque hectare a été patiemment modelé pour protéger les cultures, réguler le ruissellement et préserver la fertilité des sols (Pays de Bégard).
  • Bénéfices environnementaux : Le bocage ralentit l’érosion, filtre les eaux de pluie et sert de refuge à d’innombrables espèces. Certaines haies ici atteignent plus de 100 ans : on y observe parfois des linéaires d’aubépines et de prunelliers anciens, et plus de 70 espèces végétales recensées par kilomètre linéaire (source : Bretagne Environnement).
  • Un modèle en mutation : Si la modernisation agricole a morcelé certaines zones, le Pays de Bégard fait partie des territoires où les agriculteurs redonnent aujourd’hui de la place au bocage, notamment via des programmes de replantation de haies soutenus par la Communauté de Communes du Pays de Bégard.

Pour qui aime marcher, c’est un bonheur de glisser sur les sentiers creux : en été, l’ombre y est précieuse ; au printemps, l’explosion de verts et de chants d’oiseaux y est un enchantement.

Rivières, ruisseaux et sources : la vie en eau douce

Le territoire bégarrois est sillonné par une multitude de cours d’eau, dont les principaux sont le Jaudy et le Guindy. Ces rivières tracent leurs méandres à travers champs, bois et prairies humides, dessinant des vallons secrets propices à la balade et à la contemplation.

  • La vallée du Jaudy : Le Jaudy s’étend sur près de 41 km depuis Bulat-Pestivien jusqu’à l’estuaire de Tréguier. Ses affluents, comme le Léguer, réunissent des habitats aquatiques remarquables où vivent la truite fario, la loutre d’Europe ou la salamandre tachetée.
  • Zones humides discrètes : Près de Kermoroc’h ou Saint-Laurent, on peut découvrir des mares temporaires riches en libellules, grenouilles agiles et iris sauvage. Ces milieux, menacés par la déprise agricole, sont aujourd’hui protégés dans plusieurs secteurs (Atlas des milieux humides de Bretagne).
  • Un patrimoine hydrologique méconnu : Bégard a même donné son nom à une source réputée, jadis fréquentée pour ses vertus curatives et dont l’abreuvoir est encore visible le long du circuit de la Chapelle de Goas-Larz.

Bois et forêts : écrins de biodiversité

Si les massifs forestiers du centre Bretagne sont plus connus, le Pays de Bégard n’est pas en reste côté sylve.

  • Bois de Penhoat-Lancerf : Bien qu’aux abords, ce bois reste l’un des ensembles forestiers emblématiques pour les habitants du secteur. Chênes sessiles et hêtres y forment une canopée dense, abritant chevreuils, écureuils et une grande variété d’oiseaux forestiers (Côtes d’Armor Tourisme).
  • Vergers et bois taillis : Dans les campagnes autour de Trézélan ou Moustéru, on croise encore de petits vergers mêlant pommiers et pruniers, bordés de bois taillis souvent plantés d’aulnes et de châtaigniers — témoins vivants de l’économie rurale traditionnelle.

Explorer ces bois, c’est profiter au printemps du spectacle des jacinthes sauvages ou, à l’automne, du ballet coloré des feuilles rousses.

Des curiosités géologiques… et pittoresques

Le relief du Pays de Bégard est doux, fait de plateaux, de fonds de vallées et de buttes granitiques. Mais quelques bizarreries géologiques attirent l’œil pour qui sait prendre le temps de les chercher.

  • Les affleurements granitiques : Sur la route de Landebaëron, on croise d’étonnants blocs de granite qui émergent des talus. Ces pierres, parfois utilisées jadis pour les calvaires ou les puits, témoignent d’un socle armoricain vieux de plus de 300 millions d’années.
  • La lande de Coat-Hellou : Moins connue que le Menez Bré voisin, la lande de Coat-Hellou abrite une flore rare sur sols acides, dont la bruyère callune et la molinie, deux espèces emblématiques protégées au niveau régional.

Ces reliefs modestes, mais variés, participent à la diversité des points de vue : en montant sur les hauteurs entre Bégard et Saint-Laurent, la campagne ondule jusqu’à l’horizon, ponctuée d’alignements de hameaux et de silhouettes d’arbres isolés.

Une biodiversité à préserver, des initiatives en action

Le Pays de Bégard surprend par la richesse de sa biodiversité, tout en affichant une vigilance croissante face à la fragilisation de certains habitats naturels.

  • Oiseaux des bocages et des mares : On y recense près de 120 espèces d’oiseaux nicheurs (source Ligue de Protection des Oiseaux), parmi lesquelles la fauvette pitchou, le tarier pâtre et, plus rare, le pluvier doré ou la bergeronnette printanière.
  • Mammifères et amphibiens : La préservation des talus et l’entretien raisonné des zones humides permettent la survie de la loutre d’Europe (espèce emblématique protégée depuis 1972) et du triton marbré dans certaines mares du secteur.
  • Plantes remarquables : Dans les prairies et talus, l’orchis tacheté, la cardamine des prés et la renoncule à feuilles d’aconit apportent, au printemps, de nouvelles couleurs à l’ensemble du paysage.
  • Des communes engagées : Depuis 2021, la Communauté de Communes du Pays de Bégard s’est engagée dans le programme « Zéro phyto », éliminant l’usage des phytosanitaires sur l’ensemble de ses espaces publics, une initiative saluée localement pour la protection des pollinisateurs et de la qualité de l’eau (Bégard.fr).

De nombreuses associations, comme « Trégor Nature » ou « Eaux & Rivières de Bretagne », travaillent auprès des écoles pour partager la connaissance de ces milieux : sorties découvertes, ateliers sur les mares ou recensement des amphibiens contribuent à créer une culture locale de la nature partagée.

Un paysage modelé par l’histoire humaine et les traditions rurales

Habité depuis la Préhistoire, le territoire de Bégard garde la mémoire des hommes dans l’organisation de ses paysages.

  • Le réseau de chemins creux : Hérités du Moyen Âge et sans équivalent dans d’autres régions de France, ils servaient de voies de communication pour le bétail et les charrettes. Plusieurs circuits thématiques, comme celui de la « Route des Chapelles », empruntent ces passages. Ils font aujourd’hui la joie des randonneurs, à l’affût des premières violettes ou du passage de la buse variable.
  • Les villages et hameaux : La pierre dorée de St-Joseph ou les maisons à toit d’ardoise de Trézélan restent emblématiques. Les villages sont ponctués de fontaines votives, de petits lavoirs, de croix plantées à l’entrée des fermes.
  • Prairies et landes gérées : Une des particularités du Pays de Bégard est le maintien de pratiques de pâturage extensif, permettant d’éviter l’embroussaillement et de conserver la richesse floristique des prairies. Les traditions d’arrachage à la main de la fougère ou de fauche tardive sont toujours perceptibles dans les campagnes.

Dans ce territoire, la transmission paysanne façonne durablement le décor. L’entretien des talus, la culture de pommes de terre primeur ou de fèves, la gestion participative des sources et des fontaines continuent à relier hommes, paysage et nature.

Perspectives : à la découverte de mille secrets

Sillonner le Pays de Bégard, c’est traverser un territoire où la nature et les paysages racontent à la fois la patience des hommes et la résilience du vivant. Ici, chaque saison métamorphose la campagne, offrant au regard de multiples facettes : brumes sur les vallées en mars, éclat doré des chaumes à la fin de l’été, senteurs de mousse et de châtaigne dès l’automne… Ce qui fait l’authenticité du Pays de Bégard, c’est cette capacité à conjuguer traditions rurales, initiatives citoyennes, préservation de l’environnement et art de vivre tout en nuances.

À qui osera pousser la porte de ses chemins creux, longer ses haies anciennes ou s’attarder au bord de ses rivières, le Pays de Bégard livre un paysage à la fois familier et mystérieux, où la beauté naturelle n’est jamais tout à fait figée.

Pour aller plus loin, pourquoi ne pas partir à la rencontre de ceux qui agissent sur le terrain, ou explorer les circuits nature proposés par les associations locales ? Que ce soit pour une randonnée à la découverte des arbres remarquables, une escapade printanière au fil des ruisseaux ou une immersion dans le bocage, les particularités paysagères et naturelles du Pays de Bégard n’attendent que les curieux pour se dévoiler pleinement… et inspirer des escapades hors du commun.

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