Entre Guingamp et la mer, le Pays de Bégard s’inscrit comme un petit pays du Trégor finistérien, bien distinct tout en étant proche des grandes voies bretonnes. Pour bien situer ce territoire, il faut regarder sur la carte des Côtes-d’Armor, dans le nord-ouest du département.
Le cœur historique ? Le bourg de Bégard, traversé par le Jaudy et installé à la croisée des vallées et du fameux bocage trégorrois. À l’ouest, ses frontières touchent Pluzunet et Tonquédec, à l’est elles s’approchent de Squiffiec et Moustéru. Au nord, le territoire frôle la vallée du Léguer, au sud il plonge vers les collines boisées proches de Saint-Péver ou du Faouët.
Ses limites administratives ont évolué : l’ancienne communauté de communes du Pays de Bégard regroupait jusqu’à 9 communes (avant la fusion avec Guingamp Communauté en 2017), parmi lesquelles Bégard, Kermoroc’h, Landebaëron, Pluzunet, Quemperven, Saint-Laurent, Squiffiec, Trégonneau et plus tard Le Faouët.
Ce qui distingue la zone, c’est surtout sa logique de « pays », typique de la Bretagne, davantage fondée sur l’histoire, la géographie et la vie quotidienne que sur les découpages administratifs récents.
Le « pays » de Bégard doit beaucoup à son abbaye fondée en 1130 par les cisterciens, un siècle avant la création du tout proche site de Beauport à Paimpol (« Inventaire Mérimée »). L’implantation religieuse donne très vite naissance à un bourg dynamique – marché, foires, artisanat – structurant toute la campagne alentour.
Au fil des siècles, Bégard devient un centre économique et spirituel, en lien permanent avec la paysannerie trégorroise. Après la Révolution, l’abbaye passe entre des mains privées puis publiques, marquant un tournant dans l’histoire locale. Au XIXe siècle, la culture du lin et du chanvre façonne le bocage, tandis que les foires agricoles rythment la vie collective (source : Archives départementales des Côtes-d’Armor).
Au XXe siècle, le territoire suit l’évolution de la Bretagne rurale : modernisation de l’agriculture, développement d’activités artisanales, arrivée du chemin de fer (ligne Guingamp-Paimpol), création du centre hospitalier spécialisé à Bégard (1922). L’histoire récente est marquée par la volonté commune de préserver le patrimoine et de soutenir les circuits courts, la culture locale, l’économie solidaire.
Le Pays de Bégard reste un territoire à taille humaine où se côtoient bourgs dynamiques et petits hameaux paisibles. Ses principales localités sont :
Chaque commune a gardé une forte identité, entre vie associative, patrimoine religieux, fêtes traditionnelles (fest-noz, concours de palets, fest-deiz). La proximité permet à chacun de profiter d’un vrai réseau de services et d’activités, tout en vivant au calme et à la campagne.
Le bocage trégorrois, c’est peut-être la première chose qui saute aux yeux quand on arpente le Pays de Bégard. Mosaïque de champs encadrés de talus, chemins creux, haies d’aubépine ou de hêtres, vallées humides et petits bois… Ici, la nature n’est jamais loin, ni banalisée.
Ce bocage joue aussi un rôle clé dans la lutte contre l’érosion des sols et le maintien de l’agriculture paysanne. Il façonne la lumière, protège du vent… et donne au pays son aspect verdoyant même en été.
La singularité du Pays de Bégard, c’est de ne jamais faire rimer ruralité avec isolement. Le tissu associatif y est très dense : plus de 120 associations actives, tous domaines confondus (sport, patrimoine, environnement, culture, solidarité).
On retrouve ici l’esprit "village", mais avec toutes les ressources à portée de main. Cet équilibre attire familles, actifs en recherche de sens, jeunes entrepreneurs et voyageurs de passage.
Ce qui démarque visuellement le pays, c’est la persistance du bocage et d’une agriculture diversifiée. Entre élevages laitiers, petites fermes maraîchères, et vignobles nouveaux – oui, du vin est produit à Landebaëron depuis 2007 ! –, tout le tissu agricole se tourne vers l’agroécologie et la vente directe.
La vie quotidienne est marquée par un rythme paisible, mais jamais figé. Les habitants profitent d’un réseau de sentiers, de jardins partagés, de cafés associatifs – le tout en lien permanent avec le territoire et la météo, amicale ou capricieuse.
Le breton et le gallo imprègnent encore les lieux-dits, les noms de famille, la toponymie (« Trezen », « Kerveno », etc.). La culture trégorroise s’exprime à travers la danse, la musique (bagad de Bégard, cercle celtique, sonneurs), la gastronomie (galettes-saucisse, crêpes), les jeux traditionnels (palets, boule bretonne).
L’identité locale se nourrit à la fois des traditions et d’une ouverture à l’international : chaque été, des échanges se font avec l’Allemagne, le Pays de Galles (jumelage Bégard-Llandysul).
La population est diverse, faite de natifs du cru, de nouveaux venus d’autres régions, de familles, de retraités, de jeunes actifs attirés par la qualité de vie. Selon l’INSEE, la croissance est restée modérée mais positive ces 10 dernières années (+2,3 % entre 2011 et 2021 sur le secteur Bégard-Squiffiec).
Les nouveaux arrivants privilégient une vie proche de la nature, innovent dans l’artisanat local, lancent des chantiers participatifs ou des tiers lieux (Coworking de Bégard, pépinière d’entreprises). La solidarité s’affiche aussi lors des collectes alimentaires, du soutien aux associations ou des « chantiers de village » pour retaper un lavoir en commun.
Les écoles bilingues, la culture partagée (galettes offertes en kermesse, hébergement en gîte ou chambre d’hôte), la dynamique des marchés hebdomadaires participent à une ambiance conviviale. À cela s’ajoute la tradition de l’accueil, essentielle à la Bretagne nord.
Si le Pays de Bégard bénéficie aujourd’hui d’un tissu économique et associatif solide, c’est en partie grâce à son ancienne communauté de communes (1992-2017). Cette structure a posé les bases d’un développement harmonieux :
Avec l’intégration dans Guingamp-Paimpol Agglomération, cette dynamique se poursuit. Exemples : gestion concertée des déchets, développement du transport à la demande, projets de solidarité intergénérationnelle.
Longtemps resté discret dans l’ombre des plus célèbres destinations bretonnes, le Pays de Bégard connaît un réel regain d’intérêt depuis la dernière décennie. Les raisons de cet engouement :
À l’heure où de plus en plus de visiteurs cherchent le vrai, la Bretagne intérieure dévoile dans le Pays de Bégard ses meilleurs atouts : art de vivre, passion du terroir, fierté sans arrogance et ce sens de l’hospitalité qui fait revenir celles et ceux qui y ont goûté, le temps d’une étape ou d’une vie.
Vivre ou voyager dans le Pays de Bégard, c’est choisir un territoire où chaque détour se révèle riche d’histoire et chaque visage ouvert à la rencontre. Aux portes de la Bretagne nord, ce « petit pays » permet de se reconnecter à la nature, à la culture locale et aux valeurs de convivialité.
Curieuses, curieux, voyageuses, voyageurs, il y a mille façons d’apprécier le Pays de Bégard. Les chemins restent à explorer, les initiatives à découvrir, et les portes à pousser : le territoire n’attend plus que vos pas pour se dévoiler pleinement.