Pays de Bégard : à la rencontre de ses reliefs et points culminants oubliés

21/10/2025

Le Pays de Bégard : une géographie vallonnée typiquement bretonne

Le Pays de Bégard appartient à l’Argoat, cette Bretagne de l’intérieur, tissée de bocages et de vallées douces. Sa géographie, héritée du socle armoricain, est le fruit d’épisodes géologiques anciens ayant modelé le relief : plissements hercyniens, érosion millénaire, dépôts de sédiments… Le résultat donne, entre Trieux et Jaudy, une alternance de plateaux, de vallons encaissés et de crêtes boisées, entre 70 et 250 mètres d’altitude environ (source : IGN, carte au 25 000e).

  • Un paysage doux mais marqué : le dénivelé y est rarement brutal, mais la succession de pentes et de sommets modérés compose un paysage vivant. Les fonds de vallées sont souvent occupés par des prairies humides, tandis que les sommets, moins fertiles, portent landes, futaies ou cultures.
  • Des villages perchés : plusieurs bourgs, comme Pédernec ou même Bégard-ville, s’installent sur des points hauts, véritables belvédères naturels, rappelant que le choix de l’implantation était stratégique, autant pour surveiller les alentours que pour se prémunir des crues.
  • Des lignes de crêtes : la commune de Pédernec, par exemple, adopte une topographie de « chapelet de collines » qui relie plusieurs hameaux d’est en ouest.

Les points culminants du Pays de Bégard : où sont ses « sommets » ?

On ne grimpe pas ici l’Everest, mais certains reliefs dépassent les 200 mètres et offrent des points de vue ouverts sur la région. Difficile parfois de les repérer : ils se fondent dans la douceur du paysage, protégés par les bois ou cachés dans la lande. Voici les principaux repères pour amateurs de panoramas et de sentiers de crête.

Le Méné Bré : le géant emblématique du secteur (302 m)

Le Méné Bré se situe à une dizaine de kilomètres au sud de Bégard, sur la commune de Pédernec. Il s’impose comme le sommet le plus haut du pays local (302 m d’altitude officielle selon l’IGN, Geoportail). Sa forme trapue, nette, attire le regard de toute la région.

  • Un site chargé d’histoire : le Méné Bré occupe une place centrale dans le patrimoine local. Sur son sommet trône une chapelle dédiée à Saint Hervé, prêtre aveugle du VIe siècle, qui aurait accompli des miracles ici-même : la légende lui attribue le détournement d’un cours d’eau grâce à sa canne.
  • Point de vue inégalé : par temps dégagé, la vue s’étend de la côte de Plougrescant jusqu’aux contreforts des Monts d’Arrée. À l’est, la vallée du Jaudy et le château de Tonquédec profilent leurs silhouettes.
  • Accès et randonnée : le sommet est accessible par des sentiers balisés au départ de la chapelle Saint-Hervé ou du parking du « Rocher du Vrai ». Compter 30 à 45 minutes de marche pour boucler la montée et la boucle sur les hauteurs.
  • Initiatives locales : l’association des Amis du Méné Bré organise régulièrement des sorties découvertes autour de la faune, de la flore et de l’histoire, appuyées par des panneaux d’interprétation (voir mairie de Pédernec).

Le Rocher du Vrai (272 m) : un promontoire oublié

À l’ouest du Méné Bré s’élève le Rocher du Vrai (ou Rocher du Vrâh, selon la toponymie bretonne), second point culminant du secteur, à 272 m d’altitude. Moins connu, plus sauvage, il domine le vallon du Jaudy.

  • Un paysage de landes et d’affleurements granitiques : le Rocher du Vrai se distingue par ses chaos de pierres et ses vues dégagées. On y trouve des bruyères en été et, parfois, le passage furtif du faucon crécerelle.
  • Itinéraire pédestre : très apprécié des randonneurs locaux, un sentier relie le Rocher au sommet du Méné Bré, idéal pour une balade panoramique et peu fréquentée. Départ conseillé du village de Bré (Pédernec).

Les hauteurs de Coat-Guégan (213 m), porte du Trieux

Entre Bégard et Pontrieux, la « montagne » de Coat-Guégan culmine à 213 m. Elle domine la vallée du Trieux et propose une mosaïque de bois, de prairies et de quelques landes résiduelles, vestiges du passé agro-pastoral de la région.

  • Un secteur forestier remarquable : les forêts alentour abritent hêtres et chênes. On y pratique la randonnée et le VTT sur des parcours balisés (notamment le GR34C).
  • Anecdote géologique : c’est à Coat-Guégan que l’on retrouve l’une des plus anciennes exploitations de granite du secteur, datée du XIXe siècle (source : Archives Départementales 22).

La crête de Saint-Laurent (jusqu’à 187 m), panorama sur le Bégarrois

Au nord-est de Bégard, la crête boisée de Saint-Laurent offre un belvédère unique, culminant à 187 m au-dessus du bourg du même nom. Ce lieu discret, peu visité, réserve un panorama ouvert vers la côte de Tréguier et le sillon du Jaudy.

  • Conseil de balade : le chemin de ronde balisé monte doucement depuis le hameau, jusqu’au point haut. Idéal pour une découverte en famille ou une sortie contemplation.

Autres reliefs dignes d’intérêt dans le Pays de Bégard

Outre ces « sommet » principaux, le Pays de Bégard déploie quantité de collines et buttes qui structurent les paysages et marquent la vie locale. Quelques exemples notables :

  • Butte de Keranroux (174 m): à l’est de Bégard, elle surplombe la vallée de l’Aulne et offre un joli coup d’œil sur le bocage.
  • Côte de Kermoor (162 m): entre Bégard et Trézélan, ses prairies en pente raide accueillent chaque année au printemps une grande fête rurale (source : Fest-noz de Trézélan).
  • Crêtes de Langoat : oscillant autour de 160 m, elles séparent les bassins versants du Jaudy et du Trieux.

Reliefs et patrimoine : l’influence du terrain sur le bâti et la culture locale

Les reliefs du Pays de Bégard ont longtemps conditionné la vie des habitants : implantation des bourgs, tracé des chemins, organisation des cultures, voire architecture religieuse et défensive.

  • Villages perchés: de nombreux villages du pays (Bégard, Pédernec, Saint-Laurent, Coat-Guégan) sont installés sur des crêtes, bien exposées et faciles à défendre. Cela explique la vue dégagée depuis nombre de places de village ou d’églises.
  • Chapelles en sentinelles: la chapelle Saint-Hervé du Méné Bré ou l’église de Saint-Laurent sont perchées sur leurs hauteurs respectives, véritables repères dans le paysage.
  • Chemins en creux: les vallées encaissées, souvent humides l’hiver, servaient au passage du bétail et des charrois, donnant naissance à de nombreux chemins creux encore jalonnés de vieux murets.

Balades, loisirs et agriculture : quand les reliefs structurent la vie quotidienne

Les collines et plateaux ne sont pas de simples décors : ils participent pleinement à la vitalité du pays. Les sentiers de randonnée embrassent les courbes du terrain. Parmi les plus appréciés :

  1. Le circuit du Méné Bré, entre chaos granitiques et lande, proposé par la FFRandonnée (11 km, départ Pédernec).
  2. La boucle de Coat-Guégan (10 km, en forêt et panorama sur le Trieux).
  3. Sentier du Jaudy : un chemin surplombant la vallée, jalonné de points de vue sur les petits patrimoines bâtis (chaumières, calvaires).

Côté agriculture, les croupes sèches portent les cultures céréalières et les élevages ovins, quand les fonds de vallée accueillent prairies humides et éleveurs laitiers. C’est ici que, depuis le XIXe siècle, l’essor des pommes de terre du pays bégarrois a transformé le paysage rural (source : Syndicat des Planteurs du Bégarrois).

Petites histoires et grandes anecdotes de sommets

  • Le « signal de Bégard » : dans les années 50, un poste de guet des pompiers sur la crête de Saint-Laurent permettait de surveiller les départs de feu dans la campagne alentour.
  • Le granite du Méné Bré a servi pendant des siècles à la construction des monuments funéraires de la région, réputés pour leur résistance à l’usure.
  • Légendes locales: les landes du Rocher du Vrai abriteraient, selon les anciens, les « korrigans » des nuits de pleine lune ; il n’est pas rare d’entendre encore quelques contes s’y murmurer au retour des balades…

Sur la trace des sommets discrets : idées pour explorer le Pays de Bégard autrement

Le relief du Pays de Bégard propose une expérience à rebours des circuits classiques bretons. Plus qu’un décor, c’est un terrain d’aventure à taille humaine, propice à la découverte lente, à pied, en VTT ou à cheval. Pourquoi ne pas :

  • Guetter l’horizon du Méné Bré un matin de brume ou au coucher du soleil pour sentir la magie du panorama.
  • Suivre la crête de Saint-Laurent, jumelles en main, pour surprendre le vol des alouettes ou observer l’infini damier des champs entre Trieux et Jaudy.
  • Participer à une balade thématique avec une association locale pour mieux comprendre les liens entre géologie, biodiversité et histoire rurale.

Si la montagne de Bégard offre des points hauts sans vertige, elle révèle une Bretagne inattendue : celle où les paysages racontent la patience du temps et la trace modeste des humains. Prendre de la hauteur, ici, c’est regarder autrement et goûter un condensé d’authenticité.

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