Plongez au cœur du Pays de Bégard : entre frontières naturelles, villages et héritage breton

22/07/2025

Un territoire à taille humaine, au nord des Côtes-d’Armor

Situé en Bretagne, au nord du département des Côtes-d’Armor, le Pays de Bégard fait partie de ces territoires qui ne figurent pas toujours sur les cartes administratives, mais qui existent bel et bien dans l’esprit et la vie de ses habitants. Il s’agit d’un “pays” au sens breton du terme : un ensemble à l’identité forte, soudé par son histoire rurale, son patrimoine et une nature prédominante.

Le Pays de Bégard se niche à une vingtaine de kilomètres des côtes de la Manche, à mi-chemin entre Guingamp et Lannion. Il appartient au sobriquet plus large de l’Argoat (‘pays des bois’ en breton), par opposition à l’Armor, le littoral.

Des limites géographiques vivantes et naturellement dessinées

Définir avec exactitude les frontières du Pays de Bégard n’est pas chose aisée. Contrairement à un arrondissement ou à une communauté de communes, le “pays” repose plus sur le sentiment d’appartenance, les pratiques quotidiennes et l’organisation sociale historique que sur une stricte délimitation administrative. Pourtant, de nombreux repères s’imposent et structurent cette identité.

Voici quelques limites naturelles et repères géographiques majeurs :

  • Au nord : la vallée du Jaudy, qui sépare le Pays de Bégard du Trégor littoral et marque la transition vers les premiers massifs granitiques des Monts d’Arrée.
  • À l’est : la rivière du Guindy, affluent du Trieux, trace une frontière avec le secteur de Belle-Isle-en-Terre et effleure le début du pays de Lannion.
  • À l’ouest : la zone de Guingamp, cœur du pays du même nom, délimite naturellement la bordure ouest grâce à la vallée du Trieux.
  • Au sud : la ligne dite « des crêtes » vers le Mené Bré et les communes de Bourbriac et Louargat distingue l’entité bégarroise des terres du centre Bretagne.

Au final, la superficie du Pays de Bégard couvre environ 150 km² selon l’interprétation la plus courante (sources : Office de Tourisme Guingamp-Baie de Paimpol, atlas « La Bretagne, Pays & Identités », Éd. Coop Breizh, 2012).

Les communes qui composent le Pays de Bégard

Si on devait dessiner un trait sur la carte, le Pays de Bégard comprendrait en son centre la ville de Bégard (environ 4 000 habitants en 2020, INSEE), entourée de plusieurs communes rurales qui partagent une histoire agricole et culturelle commune.

Le saviez-vous ? Le prénom “Bégard” trouve probablement ses origines dans le breton “be” (habitation) et “gar” (lieu pierreux), rappelant le terrain granitique de la région (Source : Noms de lieux bretons, Mona Ozouf, éditions Le Chasse-marée).

  • Bégard (chef-lieu, connu pour son abbaye et son pôle horticole de production florale)
  • Landebaëron
  • Saint-Laurent
  • Squiffiec
  • Pluzunet
  • Pédernec (partiellement, la commune étant aussi liée au pays du Mené-Bré)
  • La Chapelle-Neuve
  • Kermoroc’h

Ces alliances de petites paroisses, parfois éclatées en écarts (villages et hameaux), forment ce que l’on nomme communément le “canton de Bégard” (avant la réforme territoriale de 2015). Depuis, la délimitation administrative a évolué, mais l’ancrage local demeure : c’est ce que l’on appelle l’esprit de « Pays », plus fort que l’administration !

Le poids de l’histoire et des traditions dans la définition des frontières

Le découpage du Pays de Bégard remonte aux anciens “pays” paysans bretons. Jadis, ces frontières informelles répondaient à la paroisse, au bassin de vie, aux habitudes de marché ou de langue. Par exemple, le breton trégorrois, parlé ici jusque dans les années 1960, différait de celui du Goëlo plus maritime ou de l’Aven.

Au Moyen Âge, la seigneurie de Bégard rayonne autour de son abbaye cistercienne, fondée au XII siècle. Ce monastère marque longtemps le centre de gravité du territoire. Les foires, les pardons, les marchés hebdomadaires auxquels se rendent les habitants des alentours, tissent une chair vivante au “Pays” ; ce sont ces usages qui expliquaient – souvent plus que les pierres – l’étendue du territoire de Bégard.

La création du Canevet, canal à ciel ouvert alimentant l’abbaye, servait également de repère naturel et social. Chacun, dans les villages limitrophes, se définissait “du côté” ou “de l’autre côté” du Canevet !

Un territoire entre bocage, forêts, landes & vallées : éléments paysagers structurants

Le relief doux du Pays de Bégard est parsemé :

  • de haies bocagères, vestiges d’un paysage agricole typiquement breton
  • de forêts anciennes, comme la pinède de Coat-an-Noz, jadis réserve de chasse des seigneurs locaux
  • de landes sur les crêtes, utilisées pour la culture du sarrasin autrefois et aujourd’hui territoire de randonnée et d’observation
  • de vallées sinueuses arrosées par trois cours d’eau principaux : Jaudy, Guindy et Trieux

Ces éléments naturels ont de tout temps marqué les repères spatiaux : chacune de ces frontières paysagères sert aussi de démarcation identitaire, de la même façon que les limites des « clos bretons » disaient l’appartenance à un commun.

Des limites administratives et fonctionnelles : une mosaïque locale

Officiellement, le Pays de Bégard dépend aujourd’hui du territoire du “Guingamp-Paimpol Agglomération”, qui s’étend bien au-delà des frontières du « pays » historique. Cette évolution est récente, et il peut être utile de distinguer :

  • Les limites anciennes : celles du canton de Bégard avant 2015, qui comprenait principalement les communes précitées.
  • Les intercommunalités modernes : intégration à l’agglomération Guingamp-Paimpol (source : Conseil départemental des Côtes-d’Armor, cotesdarmor.fr), qui regroupe au total 57 communes sur plus de 1 000 km², pour 73 400 habitants.
  • Le pays « géographique » ressenti : celui qui correspond au secteur des écoles, des services médicaux, du tissu associatif… et qui dépasse parfois la stricte logique administrative.

Aujourd’hui, le Pays de Bégard rayonne donc à la croisée de plusieurs bassins de vie ruraux et périurbains, un équilibre fragile mais précieux pour qui veut comprendre sa spécificité.

Repères clés et anecdotes autour des frontières de Bégard

  • L’altitude varie de 40 mètres dans les vallées à plus de 300 mètres au Mené Bré, point culminant à la marge sud du pays. Cette colline servait de repère aux marins de la côte et de lieu de rassemblement pour les pardons bretons.
  • La voie ferrée de Guingamp à Lannion, construite au XIX siècle, a marqué une fracture puis un lien entre Bégard et le reste du Trégor.
  • La route départementale D712 traverse le Pays de Bégard d’est en ouest et symbolise ce couloir de circulation des hommes, des marchandises et même des idées entre Lannion, Guingamp, Paimpol et Saint-Brieuc.
  • La toponymie : les hameaux “Kervéguen”, “Kernevez”, ou “Kervilon” rappellent l’ancienneté des settlements et leur rôle dans le maillage rural typique du centre-Bretagne.
  • La langue bretonne elle-même marquait autrefois une frontière invisible avec la zone gallésante, limitrophe vers Bourbriac : le dialecte “trégorrois” de Bégard est estampillé d’inflexions uniques !

Le Pays de Bégard aujourd’hui : carte d’identité en chiffres

Surface estimée Nombre de communes principales Population (2020, source INSEE) Point culminant
~150 km² 7 Env. 7 800 habitants Mené Bré (302 m)

L’esprit du pays : au carrefour des identités bretonnes

Venir au Pays de Bégard, c’est traverser ces frontières à la fois poreuses et ancrées, ressentir le dialogue jamais interrompu entre la tradition rurale du centre Bretagne, l’ouverture sur le Trégor et la proximité de la côte.

Les balades à pied permettent sans cesse de passer d’un “paysage” à un autre, de franchir une vallée, d’apercevoir à l’horizon le Mené Bré, de s’arrêter sous un chêne planté en limite entre deux anciennes paroisses – autant de fils discrets mais solides, qui composent la toile du Pays de Bégard.

Pour les curieux, explorer ces frontières, c’est aussi (re)découvrir la richesse d’une Bretagne intérieure, à la singularité affirmée et aux racines vivantes.

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